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Prendre mon souffle
J’ai découvert la course au printemps 2015. J’étais vraiment fière parce que je m’étais trouvé un chandail full hi-tech pour me permettre de courir dehors au printemps. Juste pour ça.
Je trippais pas tant, l’air froid qui entrait dans mes poumons et la patate qui pompait me faisaient mal, le genou droit, la hanche droite, les foutus tibias… Sérieux, je vous répéterai pas ce que mon corps me hurlait.
Ma tête, par contre… ma tête de maman qui doit penser à tout et ne rien oublier, qui planifie, organise et fait 1000 autres tâches toutes en même temps, ben elle, me disait merci. Merci du moment de solitude, merci de ne pas réfléchir à autre chose que : je tourne à droite ou à gauche? Merci de me laisser aller sur le pilote automatique, juste de sentir le soleil sur mes joues et mes épaules! Merci de me faire écouter autre chose que «Libérée, Délivrée» sur repeat… (quoique… c’était de circonstance…). Je quittais le domicile souvent avec 2 mousses en pleurs et un mari pogné à faire le souper.
Ben oui, jsuis ingrate de même, moi.
En plus, je suis une guidoune de soleil. Je me fendrai certainement pas le derrière à sortir s’il pleut à boire debout. Déjà que je suis pas un modèle de beauté quand je cours, si en plus, faut que je m’ajoute les cheveux collés au visage, l’eau dans les verres de contacts, le skwich-skwich dans les runnings, les cuisses qui frottent... Non merci. Mais quand il pleut pas, qu’il fait pas en bas de 10 degré ou en haut de 25 degré, c’est cool!
Jusqu’à date, avouez que je vous ai donné le goût d’aller courir! … not.
L’été a fait place à l’automne et à beaucoup de changement dans ma vie. J’ai donc remisé cette activité pour faire autre chose. Le temps des fêtes est arrivé avec son habituel cadeau : l’anxiété. C’est un mal dont je souffre quotidiennement, mais qui s’accentue beaucoup à cette période de l’année. J’avais de la misère à m’endurer, j’ose pas demander à mon mari ce qu’il en pensait! Il m’avait offert un chandail encore plus hi-tech que l’autre. Un beau chandail de ninja orange «cônes de travaux sur l’autoroute». Dur à manquer! J’osais pas sortir l’hiver. J’avais peur de trouver ça difficile, avec d’autres souliers, plus de vêtements, de la neige, l’air froid, name it, toutes les excuses étaient bonnes, anyways.
1,2,3 go. C’est presque mon chum qui m’a habillé et poussé dehors. Un petit jogging relax pour débuter. Et la… d’un coup, c’est comme si 50 tonnes de béton étaient tombées de mes épaules. J’ai eu les yeux pleins de larmes en me disant : «c’est donc ÇA être bien?».
Être maman apporte son lot de stress. Dans mon cas, c’est d’équilibrer ma vie pour que tout ne devienne pas une source de stress. Si je ne m’entraîne pas, je stress parce que je n’ai pas eu ma dose d’endorphines et je feel tout croche. Si je m’entraîne trop, je stress parce que je néglige ce que j’ai à faire (m’occuper de mes enfants, le ménage, le lavage, l’épicerie… on a beau dire que c’est pas une priorité… faut que ça se fasse!!!!). Je me bat aussi contre le jugement de certains qui diront que je ne pense qu’à moi en allant travailler, en allant m’entraîner. Sauf que mes enfants ont besoin de moi. Et je veux être là pour eux, avec toute ma tête. Et c’est ma façon à moi de ne pas être emportée par la houle. Une maman saine d’esprit mais un peu moins là ou une maman, toute là mais pas toute là. Pour moi, le choix était évident. Pas facile à accepter, mais évident.
Aller courir est en fait l’activité qui me met le plus en paix avec moi-même. J’essaie d’aller courir 1x par semaine depuis ce temps. Il y a quelques semaines, j’ai brisé mon mur et j’ai battu mon propre record. Ce que je m’étais donné comme défi : 1 km en moins de 6 minutes, 5 km en bas de 30 minutes.
Je suis revenue, tellement fière, «libérée, délivrée» et sereine. Mes deux filles m’ont accueilli avec un «wow, maman! » (jsais pas trop si elles disaient ça à cause de la couleur de ma face ou de mon chandail) et les yeux pleins de bonheur.
Dites-leur pas, mais… je le fais pour moi, mais je pense que je le fais pas mal pour elles aussi…
