Mon Don Juan
Je me souviens de son sourire. Je n’étais pas sur le marché du célibat, mais à cet instant, j’aurais bien aimé l’être. Les choses auraient été plus simples. Don Juan m’a dit : «Allo! J’ai rendez-vous avec Priscilla pour mon programme». C’est poche comme première phrase, hein? Mais j’étais cuite.
Et il le savait. Don Juan avait 24 ans, moi 22. Des millénaires d’expériences de plus que moi. J’aurais fait n’importe quoi pour qu’il m’apprenne tout ça. J’avais besoin d’un choc pour faire bouger ma vie plus qu’ordinaire à l’époque. J’ai dû fermer des portes pour me permettre d’ouvrir celle-ci et je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait…
J’avais hâte au jeudi. Parce que c’était le jour où j’avais une heure complète avec lui. J’avais hâte à tous les autres jours parce que j’allais le croiser. Et tomber encore plus. Son sourire…
Un premier rendez-vous. Je me souviens de tout : la température, l’heure, le lieu, ce que je portais, ce qu’il portait, où nous sommes allés, ce que nous avons bu, ce qu’il m’a dit, le léger étourdissement dans ma tête et dans mon cœur. Tout de lui m’impressionnait, m’intimidait. Et il le savait.
Mon cœur hurlait «je l’aime tellement». Mais il ne fallait pas tout gâcher, si je le disais tout haut, Don Juan allait se pousser en courant.
2 mois plus tard : «Ça ne pourra pas marcher, toi et moi».
J’étais dévastée et j’y ai jamais cru.
Je me souviens de ses yeux alors que je descendais l’allée, dans ma belle robe blanche, pour aller le rejoindre, m’unir à lui jusqu'à ce que la mort nous sépare.
C’est notre quatrième anniversaire de mariage aujourd’hui. C’était une journée parfaite, un mariage à notre image qui restera pour toujours gravé en moi. J’allais dire Oui à l’homme de ma vie, le père de mes enfants. Lui qui m’a promis de marcher à mes côtés pour le reste de notre vie. Mon meilleur ami, celui qui connait presque tout de moi.
Quatre ans, pour certains, c’est rien. Pour moi, c’est une série d’événements qui ont tracé les lignes directrices de notre vie. Pas trop foncé pour encore nous surprendre, mais suffisamment pour savoir où on s’en va. Et voir tout ce que nous avons fait ensemble.
Quand je fais une tempête dans un verre d’eau ou qu’il y a une tornade dans ma tête, il prend mes mains et me remet debout. Il m’ouvre le chemin, je n’ai qu’à suivre ses pas pour ne pas tomber. Il dégage cette force tranquille dont j’ai besoin au quotidien, mon ancre, qui m’empêche de dériver.
Surtout, je suis tombé sur un homme qui va mettre tout son cœur, son corps et son âme dans la réussite de notre vie à deux.
Et je l’aime de tout mon cœur et ça, j’espère qu’il le sait.