La médaille de la pire mère au monde vaaaa... à moi.
Si les Olympiques des Mères existaient, je gagnerais certainement la catégorie «Pire Mère au monde».
Les enfants, ce sont des spécialistes dans l’art de faire ressortir le pire qu’il y a en nous. Ils creusent à des profondeurs qu’on ne croyait pas possible d’atteindre, tellement on a travaillé fort pour enterrer ces démons.
Avant d’avoir mon aînée, j’avais la réputation d’être patiente. Trop, tellement que ma mère me disait que je me laissais manger la laine sur le dos. Il n’y avait pas grand-chose qui m’énervait à propos des autres. Peut-être parce que c’était des comportements qui étaient hors de mon contrôle et surtout, que ce n’était pas de ma faute s’ils étaient comme ça. J’étais la capitaine de mon équipe une année, parce que j’étais celle qui avait le plus de facilité à communiquer avec mes coéquipières, j’avais les bons mots pour dire les choses plus difficiles et j’avais le piton collé sur la positivité.
Et j’ai accouché.
C’est fou comment le terme «ta vie va basculer» prend une tournure que t’attendais pas.
Elle a 5 ans, mon aînée. Elle est à quelques semaines d’entrer en maternelle. J’aimerais vous dire une phrase dans le genre : «il me reste quelques semaines avant que la réalité de l’école ne la brise», mais c’est faux.
Je crois que c’est moi qui l’a officiellement brisé. Et ça fait un bout.
Voilà, c’est dit.
Depuis un petit bout déjà, elle pue l’attitude et l’arrogance à plein nez. Une adolescente dans un tout petit corps. Elle m’ordonne des choses au lieu de me les demander. Même si je me tue à lui dire de demander les choses gentiment et poliment. Et si j’ai le malheur de lui dire : «oui, donne moi 2 secondes svp», elle me fait le coup du «unnn…. Deuuuuux… ok, je peux tu l’avoir, là?»
Et voilà. Dr. Jekyll se transforme en Mr. Hyde. Et ce n’est qu’un exemple parmi un océan de situation de pognage de nerfs!
Puis je me suis mise à m’observer. Je suis un sarcasme ambulant. Et mal employé, un sarcasme peut facilement devenir arrogant. Et du sarcasme venant d’un enfant de 5 ans, c’est pas mal tout le temps juste arrogant. Mais elle n’a pas pris ça ailleurs qu’ici. Je déteste l’admettre, mais elle m’imite. J’essaie fort de changer mon optique pour quelque chose de plus pédagogique. Mais répéter pour la 8e fois en 1h de ramasser ses bobettes qui traînent par terre dans le salon («pourquoi?» «parce que des bobettes, ca va pas à terre, je laisse tu trainer mes bobettes par terre dans le salon, moi? RAMASSE TES BOBETTES!!!!!!!!»), ca t’étire l’élastique de la patience sur un moyen temps.
Et là-dessus, le papa qui me dit que je suis tout le temps sur son dos. Je le sais et ça me tue!!! Je suis malheureuse de la situation sauf qu’il m’arrive vraiment de ne même pas me sentir coupable de la punir, comme si ça me faisait du bien, comme si elle le «méritait» après m’avoir fait grimper dans les rideaux. Et que si je ne m’acharne pas, elle va devenir comme ces ados ou adultes imbus d’eux-mêmes, impolis et sans considération pour les autres que je déteste tant. Je ne veux pas détester mes enfants…
L’affaire, c’est que j’ai au moins l’humilité de dire que même si je veux leur inculquer de bonnes valeurs, il arrive souvent que je m’éloigne de mon objectif et que je me plante solide. J’essaie de leur apprendre le respect de soi et j’ai l’impression de leur apprendre l’égoïsme, je veux leur apprendre le respect des autres et j’ai l’impression de leur apprendre le mépris. Je veux leur apprendre la tolérance et ça se transforme en impatience. Bref, de merder solide.
Puis, hier soir; elle jouait à la maman avec sa petite sœur. Je l’ai vu lui faire un câlin et lui dire : Bonne journée, ma fille, à ce soir, je t’aime!
Et je me suis aussi vu. La même phrase à tous les matins alors que je les dépose à la garderie.
Elle retient le mauvais en moi. Mais elle a manifestement retenu le bon aussi. Je ne me plante pas sur toute la ligne. Je ne suis peut-être pas la personne la plus pédagogique, parfois la moins conséquente, mais elle a quand même compris qu’à tous les jours, j’ai hâte de la voir et que je l’aime inconditionnellement.
Je vais essayer de retenir que quand je pense avoir merdé solide avec mes enfants, elles peuvent toujours me surprendre.
Je vais aller travailler là-dessus, il ne me reste que quelques semaines avant qu’elle commence l’école…