En t'attendant...

Ce matin, réveil brutal. J'ai passé une nuit horrible à enchainer les rêves les plus étranges, à me réveiller en sursaut, un peu perdue. Il faut dire que je me suis endormie avec des sentiments qui sont loin d'être agréables: découragement, frustration, dégout et peine. C'est pas un super départ pour me réveiller fraîche comme une rose, disons.

Cette petite goutte rouge, celle que j'appréhende autant que j'attends. Celle que je ne veux pas sentir arriver autant qu'elle me guide vers un résultat de plus en plus précis. Ben celle-là, ce signe mensuel qui m'annonce de la façon la plus désagréable qui soit que tu n'es pas dans mon ventre encore, est tombé hier soir.

Je n'ai pas tant de raisons de m'inquiéter, je suis à l'aube de la trentaine, je mange bien, je suis en forme, j'aime et je suis aimée en retour. En plus, j'ai déjà accompli la perfection deux fois. Je sais que je suis déjà choyée.

Mais tsé quand il te manque quelque chose. Quand il te manque quelqu'un. Il y a un vide et il n'est pas comblé.

Je mets cette attente sur le dos de tout ce que je peux: ma pilule qui n'arrive pas à sortir de mon système, même si je ne la prends plus depuis quelques lunes, mon utérus rétroversé, ma fatigue, la fois où j'ai stressé pour une raison que je ne me souviens même pas, la saison, la température, mon cycle irrégulier, le timing, quelqu'un à quelque part qui détient une poupée voodoo à mon effigie...

Mais ça ne m'avance pas parce que le résultat reste le même. Tu n'es pas là.

Ce matin, réveil brutal, encore. Puis ta soeur est arrivée se blottir contre moi. Et j'ai compris que tu avais besoin d'un mois supplémentaire pour atteindre la perfection. Tu as laissé à tes soeurs un mois de plus pour me monopoliser avant de m'avoir à toi seul.

Je suppose que je dois

te faire confiance. Alors je vais continuer de prendre soin de nous en t'attendant.

Mais sache que je suis prête.

Je t’attends...

#Priscilla